hier, en écrivant sur la mélancolie, une question m’a traversé l’esprit, presque insidieusement : quelle est vraiment la différence entre être mélancolique et être dans un état dépressif ?
c’est une question que je ne m’étais jamais posée frontalement, mais qui, en y réfléchissant, m’a semblé essentielle. parce qu’il y a des jours où je me sens happée par une tristesse douce, une forme de nostalgie qui n’a ni début ni fin. et puis il y a ces autres jours, plus lourds, où cette tristesse devient un poids, un voile qui m’empêche d’avancer. alors où se situe la limite ?
la mélancolie, je la connais bien. c’est ce sentiment diffus, cette musique en fond sonore qui colore mes pensées. elle n’est pas forcément douloureuse. parfois, elle m’apaise même. elle me donne envie d’écouter des chansons tristes sans raison, de relire des vieux messages, de m’attarder sur des souvenirs qui ont le goût du "c’était mieux avant" – même si ce n’était pas vraiment mieux.
la mélancolie, c’est cette sensation étrange d’être en décalage, de regarder le monde comme si j’étais derrière une vitre. tout est là, accessible, mais avec une légère distance. elle me rend contemplative. elle me fait écrire. elle me fait sentir vivante d’une manière douce et un peu douloureuse à la fois.
la dépression, en revanche, c’est une toute autre histoire. c’est quand cette distance devient un gouffre. quand la musique de fond ne fait plus que du bruit. quand le simple fait de se lever, de répondre à un message, de prendre une douche devient une montagne.
la dépression, ce n’est pas une tristesse poétique. ce n’est pas un état d’âme qui invite à la rêverie. c’est un vide. un épuisement. un manque de sens. c’est être là sans être là, ne plus ressentir ni les hauts ni les bas, juste une espèce de néant.
la différence, je crois qu’elle est là : la mélancolie me relie à moi-même, alors que la dépression m’en coupe.
alors, comment savoir de quel côté on se trouve ?
je me suis posé cette question des dizaines de fois. est-ce que cette fatigue est juste passagère ? est-ce que ce manque d’envie va s’atténuer demain ? est-ce que je ressens encore du plaisir, ne serait-ce qu’un instant ?
quand je suis mélancolique, j’ai encore envie de créer, d’écrire, de mettre en mots ce que je ressens. j’ai encore cette petite lumière qui vacille, mais qui est bien là. quand je suis dépressive, même ça, je ne l’ai plus.
c’est là, je crois, la vraie frontière : la mélancolie me fait ressentir, la dépression m’anesthésie.
par exemple, je crois qu’il est temps pour moi de reprendre le chemin de l’aide. ma mélancolie ronronnante et apaisante, comme un petit chat, s’est transformée en un monstre écrasant qui me pèse. j’ai l’impression de ne plus réussir à penser, comme si mon cerveau était embué. mes sentiments sont anesthésiés.
et c’est ça, je crois, le signe qu’il est temps d’agir. parce que la mélancolie me fait ressentir le monde avec plus d’intensité, mais la dépression, elle, me le vole.
si toi aussi tu te poses cette question, essaie d’observer : est-ce que cette tristesse te donne envie d’écrire un poème, d’écouter une chanson qui te touche, de laisser ton esprit vagabonder ? ou est-ce qu’elle t’éteint, qu’elle te coupe du monde, de toi-même, de tout ce qui faisait de toi… toi ?
si c’est le deuxième cas, alors peut-être qu’il est temps de demander de l’aide. pas parce que tu es "faible", pas parce que tu devrais "aller mieux", mais parce que tu mérites d’être pleinement là.
et si c’est le premier cas, alors peut-être que cette mélancolie est simplement une couleur de ton paysage intérieur. une teinte qui fait partie de toi, et qui, parfois, a quelque chose à te dire.
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